Comprendre les enjeux de cette affaire judiciaire
Ce lundi 28 octobre, Gérard Depardieu, célèbre acteur français, devait comparaître devant le tribunal correctionnel de Paris pour répondre à des accusations d’agressions sexuelles impliquant deux femmes. Cependant, en raison de son état de santé, il a été annoncé qu’il ne serait pas présent à cette première audience, son avocat demandant un renvoi du procès. Les faits reprochés à l’acteur auraient eu lieu en 2021 lors du tournage du film Les Volets verts, sous la direction de Jean Becker.
Les allégations formulées par les plaignantes, l’une décoratrice et l’autre assistante réalisatrice, évoquent des gestes déplacés et des comportements inappropriés de l’acteur sur le plateau de tournage. La première plainte, déposée en février 2024, relate des actes d’agression sexuelle, de harcèlement, et des propos obscènes. Selon cette victime, Depardieu l’aurait saisie brusquement et tenu des propos sexuellement explicites avant que ses gardes du corps interviennent pour la libérer de l’emprise de l’acteur. La seconde plaignante, également témoin de comportements inappropriés, décrit des attouchements répétitifs et un climat de travail difficile, où elle se sentait harcelée et mal à l’aise.
Un parcours marqué par de nombreuses accusations
Depuis six ans, plusieurs autres femmes ont dénoncé des comportements similaires de la part de Gérard Depardieu, qui rejette en bloc les accusations, affirmant être une cible d’accusations « sans fondement ». Au fil des mois, des témoignages ont émergé, relayés par divers médias comme Mediapart et France Inter, et ont donné lieu à une série d’articles et de prises de position. En 2023, l’actrice Hélène Darras avait également porté plainte contre Depardieu pour agression sexuelle survenue en 2007, mais la plainte a été classée pour prescription.
En parallèle, d’autres plaintes sont en cours d’instruction, dont une pour viol déposée par l’actrice Charlotte Arnould, avec laquelle l’acteur avait eu une relation controversée. Bien que cette affaire ait été close une première fois faute de preuves suffisantes, elle a été rouverte en 2020, ce qui a entraîné la mise en examen de l’acteur.
La polémique autour de Complément d’enquête et d’autres témoignages accablants
Les médias ont également rapporté une autre polémique concernant des images de Gérard Depardieu en 2018 en Corée du Nord, diffusées dans l’émission Complément d’enquête de France 2. Ces images montrent l’acteur faisant des commentaires misogynes et déplacés envers une fillette. Cet épisode a provoqué une réaction publique, y compris de la part de figures politiques comme la ministre de la Culture de l’époque, qui a exprimé sa honte face aux propos tenus par l’acteur. Bien que la famille de Depardieu et l’écrivain Yann Moix, qui l’accompagnait, aient défendu l’acteur en dénonçant un « montage trompeur », les experts judiciaires ont confirmé l’authenticité des images.
Des personnalités divisées sur les accusations de violence sexuelle dans le milieu du cinéma
Les révélations autour de Gérard Depardieu s’inscrivent dans un contexte de débats et de dénonciations au sein du monde du cinéma. Des personnalités du secteur ont pris publiquement position sur cette affaire, dénonçant des comportements de harcèlement et une culture d’impunité au sein de l’industrie. En janvier, un collectif d’une centaine de personnes du monde artistique a signé une tribune affirmant que « les monstres sacrés n’existent pas » et réclamant plus de transparence sur les comportements abusifs. D’autres artistes, comme l’actrice Anouk Grinberg, qui a travaillé aux côtés de Depardieu dans Les Volets verts, ont apporté leur soutien aux plaignantes en décrivant l’atmosphère oppressante du tournage.
Le tribunal correctionnel de Paris a donc pour mission d’examiner de manière impartiale les preuves et les témoignages réunis dans ce dossier complexe. Ce procès pourrait potentiellement influencer les affaires en cours et apporter une première réponse judiciaire aux nombreuses accusations accumulées contre l’acteur depuis plusieurs années.