Un débat agité s’est ravivé autour de la proposition d’augmenter le délai de carence dans la fonction publique, mise en avant par le ministre de la Fonction publique dans une interview. L’objectif de cette mesure est de faire passer le nombre de jours de carence de un à trois pour les fonctionnaires, un ajustement qui alignerait ce secteur avec le privé et viserait une économie d’environ 1,2 milliard d’euros.
À gauche, cette annonce a suscité un vif rejet. Lors d’une intervention sur France Inter, Manuel Bompard a vivement critiqué cette réforme, la qualifiant de « scandaleuse ». Selon le responsable de La France insoumise, la hausse des absences dans la fonction publique est surtout liée à une souffrance au travail, et non à des abus. Il estime qu’il serait plus pertinent de s’attaquer aux causes de ce malaise que de pénaliser les agents. La députée écologiste Sandrine Rousseau a partagé cet avis, évoquant le sentiment de perte de sens ressenti par de nombreux fonctionnaires. Elle a questionné la décision du gouvernement, affirmant qu’il serait préférable de s’intéresser aux vraies causes des arrêts de travail, tandis qu’Éric Piolle, maire de Grenoble, a recommandé de se concentrer davantage sur la prévention des accidents de travail.
À droite et au sein du Rassemblement National, la mesure est accueillie favorablement. Jordan Bardella, chef de file du RN, a déclaré sur France 2 qu’il approuvait cette initiative, à condition qu’elle permette de financer des hausses de pouvoir d’achat et de payer des heures supplémentaires à certains fonctionnaires, notamment dans la sécurité. Sur RTL, Sébastien Chenu, député du RN, a rappelé que le programme de Marine Le Pen incluait déjà un ajustement similaire, bien que plus modéré avec une proposition de deux jours de carence. Frédéric Valletoux, président de la commission des affaires sociales à l’Assemblée, a également considéré ce projet comme une voie à explorer pour réduire les absences.