Après plus de vingt ans de rebondissements, l’affaire Khalid Cheikh Mohammed, l’un des cerveaux derrière les attentats du 11 septembre 2001, semble toucher à sa fin. Le 31 juillet, le Pentagone a annoncé avoir conclu un accord avec l’accusé et deux autres détenus de Guantanamo. Ce compromis permet d’éviter la peine de mort en échange d’une reconnaissance de culpabilité et d’une condamnation à perpétuité. Cette décision met un terme à l’attente interminable de l’Amérique, qui espérait voir enfin ces hommes jugés pour l’un des crimes les plus marquants de ce début de siècle.
Khalid Cheikh Mohammed, surnommé « KSM », est considéré comme le principal organisateur des attaques du 11 septembre. Sa capture au Pakistan en 2003, où il avait été arrêté avec un aspect hagard et échevelé, a marqué l’un des chapitres les plus significatifs de la lutte contre le terrorisme menée par les États-Unis. Diplômé d’une université en Caroline du Nord, « KSM » a proposé dès 1996 l’idée des attaques aériennes à Oussama Ben Laden, chef d’Al-Qaida. Selon le rapport officiel sur le 11 septembre, rédigé par une commission parlementaire américaine, il était perçu comme un « entrepreneur terroriste », capable d’inventer des stratégies d’attaques, mais manquant des ressources nécessaires pour les réaliser.
L’espoir d’un procès, qualifié par la presse de « procès du siècle », a été ravivé à plusieurs reprises, notamment sous la présidence de Barack Obama, qui avait promis de fermer la prison de Guantanamo et de juger Mohammed devant une cour fédérale à New York. Toutefois, cette initiative a été bloquée par le Congrès pour des raisons de sécurité, et l’affaire est retournée aux mains des autorités militaires. Finalement, un accord a été trouvé : en échange de l’abandon de la peine de mort, les accusés ont accepté de plaider coupables pour les charges retenues contre eux, dont le meurtre de 2 976 personnes.
Les Ombres de la Torture et la Précarité de Guantanamo
Malgré cet accord, l’histoire de Khalid Cheikh Mohammed est profondément marquée par la controverse. Capturé en 2003, il a été transféré dans des prisons secrètes de la CIA en Pologne, où il a subi des méthodes de torture intenses. Parmi celles-ci, le « waterboarding », ou simulation de noyade, utilisé 183 fois en seulement quatre semaines, est la plus notoire. Mohammed a également été soumis à d’autres formes de torture, telles que les coups, les positions douloureuses, et la privation de sommeil. Ces traitements ont eu des conséquences importantes sur l’image des États-Unis et ont suscité de nombreuses critiques internationales.
Ces méthodes controversées sont l’une des raisons pour lesquelles un procès traditionnel pour Mohammed et ses coaccusés n’a jamais eu lieu. Les preuves obtenues sous la torture ont été remises en question, et beaucoup d’informations collectées se sont révélées inexactes. En conséquence, le gouvernement américain a dû se résoudre à trouver une alternative à la peine de mort, d’où cet accord inattendu.
Aujourd’hui, Guantanamo reste un symbole de la « guerre contre le terrorisme » menée par George W. Bush, président des États-Unis au moment des attentats. Depuis sa création en 2002, environ 780 détenus y ont été incarcérés, et une trentaine y sont encore retenus. Malgré les promesses répétées de fermeture de la prison, Guantanamo continue de fonctionner, et sa fermeture reste un sujet délicat et non résolu.
L’accord conclu marque-t-il la fin définitive de ce chapitre? Pour les familles des victimes du 11 septembre et pour ceux qui cherchent à comprendre les méandres de cette lutte contre le terrorisme, il est probable que l’histoire ne soit pas encore entièrement écrite. La question reste posée : cet accord apporte-t-il réellement justice ou ne fait-il que repousser encore davantage les questions sans réponse?